Construire écologique : coût

Temps de lecture: 9 min , Dernière mise à jour: 12/02/2024

Sommaire


Le problème du surcoût de la construction durable est souvent évoqué, car la construction durable est communément envisagée comme une construction « classique », sur la base de laquelle s’ajoutent ou se transforment certains éléments techniques afin d’améliorer la performance finale du bâtiment, et ainsi atteindre un certain nombre d’objectifs de qualité, de confort thermique ou d’économies d’énergie.

1. Construire durable avec des matériaux sains

La notion de HQE®, mal comprise, peut générer des effets pervers, car le fait de vouloir atteindre des objectifs plus ou moins indépendants les uns des autres pénalise la vision d’ensemble de la conception et peut se solder par une augmentation des coûts.

Le problème du surcoût de la construction durable est souvent évoqué, car la construction durable est communément envisagée comme une construction « classique », sur la base de laquelle s’ajoutent ou se transforment certains éléments techniques afin d’améliorer la performance finale du bâtiment, et ainsi atteindre un certain nombre d’objectifs de qualité, de confort thermique ou d’économies d’énergie.

La RE 2020

Les normes fixent l'amélioration de la performance énergétique et du confort des constructions, tout en diminuant leur impact carbone.
La Re 2020 s’articule autour de 3 principaux axes :

  • Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique visant la baisse des consommations des bâtiments neufs grâce à la performance de l’isolation quel que soit le mode de chauffage installé, grâce au renforcement des exigences sur l’indicateur de besoin bioclimatique, Bbio.
  • Diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs en prenant en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, de la phase de construction à la fin de vie (matériaux de construction, équipements), en passant par la phase d’exploitation (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, éclairage…), via une analyse en cycle de vie.
  • Offrir aux occupants un lieu de vie et de travail adapté aux nouvelles conditions climatiques (canicules estivales). Les bâtiments doivent résister aux épisodes de fortes chaleurs de plus en plus fréquentes et intenses du fait du changement climatique.

Comparé au montant du coût initialement prévu dans le projet de construction, le fait d’utiliser des solutions techniques plus performantes, telles que des vitrages faiblement émissifs ou une isolation thermique de plus grande qualité, est alors considéré comme un surcoût. Il faut poser le problème de manière radicalement différente :

  • Le maître d’ouvrage dispose de nombreux repères tels que les indicateurs de performance énergétique, les labels français (HQE® …) ou européens (BREAM®…) permettant une définition précise des objectifs de performance.
  • La maîtrise d'œuvre doit revoir totalement et à la base la conception même dans une approche globale et intégrée du bâtiment en tant que « système » dans le respect des objectifs fixés, afin d’obtenir un résultat satisfaisant en termes de coût et de qualité d’usage. Chaque choix — architectural, technique ou fonctionnel — (plan de masse, orientations, façade, fenêtres, chauffage, climatisation, isolants…) participe d’un système et la mise en cohérence de ces fonctionnalités permet l’optimisation de la qualité du bâtiment et l’équilibre des coûts.

Il est préférable de se donner des objectifs clairs avec des résultats à atteindre bien définis, y compris en matière de coûts (investissement et exploitation) plutôt que d’additionner des composants performants au fur et à mesure de la conception. Le mode de conception s’en trouve ainsi totalement transformé, car l’architecte, dans son rôle d’intégrateur transversal de toutes les fonctions de conception, produit alors des objets qui ne ressemblent en rien aux objets que l’on produirait traditionnellement en essayant simplement d’améliorer certaines pratiques classiques. Avec cette démarche, il est possible de parvenir à des solutions qui ne sont pas plus onéreuses, voire parfois moins coûteuses que des solutions traditionnelles, comme le prouvent nombre de réalisations aux Pays-Bas ou en Allemagne.

2. Comment définir la notion de coût global

La notion de coût global revêt des aspects différents selon le point de vue.

Trois niveaux de lecture correspondent aux trois piliers du développement durable : l’économique, le sociétal et l’environnemental :

  • Le premier niveau concerne le coût global élémentaire ou le coût global technique qui comprend les coûts d’investissement et l’ensemble des coûts différés d’exploitation et de maintenance. Parvenir à développer une approche en coût global élémentaire sur un projet est déjà, en soi, une réelle avancée, car bien peu de maîtres d’ouvrage la pratiquent à ce jour.
  • Le deuxième niveau du coût global concerne, au-delà de l’aspect « élémentaire » du coût global, la prise en compte des thèmes relatifs à la qualité d’usage du bâtiment, à son confort, sa salubrité, la santé de ses occupants, et plus globalement, aux aspects sociétaux du bâtiment.
  • Le troisième niveau concerne le coût global généralisé, englobe les critères économiques, la qualité d’usage des bâtiments, mais également les aspects proprement environnementaux, c’est-à-dire l’impact réel du bâtiment sur l’environnement au sens large (utilisation de matériaux et composants « verts », gaz à effet de serre, production de déchets…).

3. Quel est le coût d'une maison écologique ?

Un chauffage solaire ou par pompe à chaleur thermodynamique (géothermique), par exemple, est environ deux fois plus onéreux qu'un chauffage classique, soit un surcoût d’environ 10000 €.

La construction d’une maison performante en énergie RT 2012 avait un prix de revient plus élevé de l’ordre de 10 à 25 % par rapport à une mai­son simplement conforme à la RT 2005, soit un surcoût de 15000 à 25000 € selon la taille de la maison.

Si elle permet de consommer de 50 à 100 kWhep/m2/an de moins qu'une maison RT 2005, l'économie sur les factures d'énergie sera, aux tarifs actuels, de l'ordre de 500 à 1000 € par an. Le temps de retour sur investissement serait d’après certains spécialistes de l'ordre de 10 à 15 ans si l’on ne s’en tenait qu’à des chiffres comptables qui ne tiennent ni compte des facteurs environnementaux ni du renchérissement de toutes les énergies disponibles sur la planète terre.

L’augmentation du pétrole qui va devenir rare et cher va modifier ces ratios et il est certain qu’une maison économe va être très rapidement amortie.

Un tel délai est acceptable, la durée de vie d'une maison digne de ce nom étant de plusieurs décennies. En termes d'environnement, si la maison dure 80 ans, le gain de consomma­tion représente l'équivalent de 3 à 5 fois la quantité de gaz à effet de serre émise pour sa construction. Peu d'accédants à la propriété savent cela et peu de personnes peuvent se permettre ce type de calcul, étant donné le niveau élevé des prix de l'immobilier et des ter­rains à bâtir.

Les équipements énergie renouvelable et basse énergie ne sont présents que dans 20 % des maisons neuves.

Grenelle-environnement-RT-2012

Les surcoûts des maisons neuves

La raison du surcoût des maisons basses consommation est également que les constructions les plus économes en énergie sont majoritai­rement conçues sur mesure et entraînent des frais plus importants.

Certains constructeurs de maisons individuelles font le choix du gaspillage pour proposer les prix les plus bas (entre l’économie et la santé, le choix a été fait à la place des usagers), les habitudes sont bien ancrées et le milieu du bâtiment est très conservateur.

Ces éléments souvent identiques pour un non-initié rendent difficile un comparatif entre des maisons économiques et des constructions de qualité.

Une personne s’appuyant contre la paroi carrelée d’une salle de bain d’une maison prête à être livrée a eu la désagréable sensation de sentir le mur plier, car le nombre de structures métalliques de maintien des carreaux de plâtre n’a pas été respecté. Ce ne sont pas, bien sûr, des maisons qui traverseront les siècles…

Les techniques de construc­tion et les matériaux nécessaires pour l'habitat à basse consommation nécessitent un savoir-faire que toutes les entre­prises de bâtiment n'ont pas. Poser de la brique alvéolaire, isoler parfaitement une maison afin de limiter les déperditions convenablement (une fois la maison terminée, les éventuels défauts d'isolation seront souvent indécelables) sont des techniques pour lesquelles les artisans doivent être formés. Lors du déroulement du chantier, aucun contrôle officiel n'a lieu, hormis celui de l'architecte ou du constructeur lui-même.

4. La méconnaissance du public sur le bioclimatique

La méconnaissance du public sur le bio climatique aide les comportements évoqués plus haut, mais de plus en plus de professionnels du bâtiment prennent conscience de cette nécessité aiguë. Les entreprises se heurtent également aux difficultés chroniques de recrutement et de formation du secteur du bâtiment. Quelques constructeurs de maisons individuelles se lancent dans la démarche Haute Qualité Énergétique (HQE) et commencent à former leurs techniciens.

Quant à l'architecte, professionnel reconnu, c'est la personne la plus compétente pour étudier un type de construction écologique ou passive.

Les architectes n’ont pas de marché véritable, car leur image de haut de gamme ainsi que le coût de leurs honoraires représentant environ 10 à 15 % du prix global rendent les clients potentiels craintifs et réticents.

Les candidats à la construction mal ou pas assez informés ont des données concernant les avantages des maisons économes bio climatiques qui restent très abstraites et ne sont pas encore prêts pour l’instant à payer ces suppléments non justifiés dans leur esprit.

L’actualité future et proche obligera le public à s’orienter vers le choix raisonnable que constitue la sélection de vrais professionnels de l’habitat spécialisés dans les maisons économes en attendant d’être également véritablement écologiques.

Sources : Jean Pierre Traisnel (CNRS-LTMU, institut français d’urbanisme) www.logement.gouv.fr).



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